lundi 25 janvier 2016

Pire équation

Le temps a beau passer, nous sommes toujours englués dans le glissant dossier Énergie-Est. Vous savez, le fameux pipeline qui doit acheminer le pétrole sale – quel pléonasme donnant une riche idée de ce que c'est… – de l'Ouest cAnadien jusqu'aux raffineries et terminaux de la côte est. En particulier ceux appartenant aux seigneurs des Maritimes, la famille Irving.

La semaine passée, des maires de la région de Montréal, incluant l'inébranlable Denis «de poule» Coderre, ont exprimé leur refus de voir le fameux pipeline passer sur les territoires de leurs municipalités.

Coup de tonnerre dans l'azur fuligineux des Prairies!

De l'Alberta à la Saks…, la Sawek…, la Sektwan… – en tout cas, l'autre province de l'Ouest, là –, ce fut le tollé. Qu'il s'agisse de maires de ministres ou même de premiers ministres, le concert de commentaires outrés n'a pas eu de cesse pour blâmer le sempiternel égoïsme du Québec (comprendre: des maudits french pea soup). Comment cette province, gâtée-pourrie à coups de péréquation – on nous a rebattu les oreilles avec ce cliché –, pouvait-elle oser refuser un tout petit pipeline de rien du tout et condamner ainsi la croissance pétrolière éhontée de l'Ouest?

D'abord, et ceci dit sans vouloir la ramener, il faut bien admettre que la prospérité de l'Ouest amenée par le pétrole a artificiellement gonflé la valeur du dollar cAnadien et, de ce fait, a considérablement nui aux exportations de l'industrie manufacturière du Québec. Mais ça, évidemment, tout le monde s'en foutait à l'époque où le prix du baril de pétrole s'envolait.

Ensuite, il faudrait expliquer ce qui fait que nous devrions être si solidaires de ces gens. N'oublions pas que le pétrole consommé au Québec est importé de l'étranger, principalement de la mer du Nord. Personne, jamais, au CAnada, n'a songé nous offrir des tarifs préférentiels afin que nous puissions acheter du pétrole à meilleur prix. Comme d'habitude, il a fallu se démerder nous-mêmes, sans l'aide de ces chers compatriotes qui nous aiment tant les veilles de référendum.

Et puis, que je sache, la Colombie-Britannique a refusé, elle aussi, le passage d'un pipeline sur son territoire et personne n'a accusé cette province de tous les défauts. Ou est-ce que la bisbille pan-cAnadienne n'est pas parvenue à nos oreilles? C'est possible, mais j'en doute.

Enfin, lorsque leur pipeline finira par laisser fuir la saloperie, qui sont ceux qui ramasseront la facture? Les provinces de l'Ouest? Ça m'étonnerait! Le Québec se fera encore accuser d'égoïsme si, alors, il devait demander que les rednecks des Prairies paient l'écot de leur incurie.

Que répondre à ce déballage hypocrite fleurant le racisme à la sauce anglo-saxonne, auquel nous assistons présentement?

Commençons par cesser de payer notre part du fédéralisme cAnadien. Nous verrons ensuite si nous avons encore besoin de leur saleté de péréquation...


Superbe paysage du nord de l'Alberta

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